- CLAUDE CATTELAIN -

Le masque de Camille

Expositions Du 28 septembre 2023 au 14 janvier 2024

La mesure de l’espace se prend avec le corps, il s’y projette comme un écho pour mieux le comprendre, s’y déplacer. Ces interactions peuvent générer des émotions très physiques. Par exemple, nous pouvons nous y sentir étriqués, sous tensions ou y éprouver de la sérénité. L’espace nourrit émotionnellement nos corps, nos expériences y sont singulières. S’il est, le plus souvent, sous la dictée de nos verbes d’actions, le corps n’use pas de mots pour ses propres expériences, il les vit. 

Les œuvres in situ de Claude Cattelain sont au plus proche de ces expériences, de ce vivant. À l’aide de plâtre, de boue, de planches, de poutres, de vieilles portes et autres résidus de menuiserie amalgamés, il crée des dispositifs en tension qui matérialisent la résonance physique toute particulière qu’il a avec l’espace. Comme nos corps, les matériaux utilisés (récupération) ont du vécu, arrivent avec un passif, des antécédents liés aux gestes de leur manipulation. Ses dispositifs tombent du plafond, s’adossent à un poteau en béton, maintiennent entre eux deux plans distincts, s’imposent en lévitation au centre d’une pièce… Supprimez un élément, même le plus petit, et toute la sculpture s’écroule. L’œuvre de Claude Cattelain possède la fragilité et la force de nos corps dans l’espace : capables de beaucoup, ils y sont éphémères. Les matériaux utilisés se fédèrent les uns contre les autres comme une colonne vertébrale. Et comme notre squelette, les éléments ne sont pas collés, ils tiennent grâce à leur mise en tension, à des gestes simples d’atelier. Les œuvres in situ de Claude Cattelain sont autant de corps construits de l’expérience du sien.